Améliorer la résilience des pays en développement
Les pays en développement sont frappés de plein fouet par la crise du coronavirus. Les banques multilatérales de développement et les agences des Nations Unies, avec la participation de la Suisse, ont décrété des mesures d’urgence. La Banque mondiale a pris des décisions à l’occasion de son assemblée de printemps à la mi-avril: à court terme, l’objectif est d’enrayer la pandémie. À un horizon plus lointain, les pays pauvres obtiendront du soutien pour stabiliser leur économie et réduire leur vulnérabilité aux chocs. Avec sa stratégie en matière de coopération internationale, la Suisse est en bonne posture pour apporter sa pierre à l’édifice.
Les pays en développement, eux aussi, sont en proie à la crise du coronavirus. Leurs systèmes de santé publique sont toutefois rudimentaires et sous-dotés. Leurs économies, peu résilientes, ne sont pas épargnées non plus. Les mesures déployées pour enrayer la pandémie entraînent un recul considérable de la production, de la consommation, des investissements et des échanges commerciaux. Beaucoup d’emplois sont perdus.
Ces pays ne sont guère en mesure de soutenir les entreprises et les travailleurs. Les institutions publiques sont souvent fragiles, le contexte économique est difficile et la dette publique est élevée. La population, les entreprises et les gouvernements ne sont donc pas à même d’absorber les chocs extrêmes. À cela s’ajoute que les mesures étatiques sont moins efficaces dans les pays en développement car la part du secteur informel y est élevée. En somme, la crise du coronavirus risque d’anéantir les progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté.
En cela, cette crise n’a malheureusement rien d’exceptionnel. La crise financière et la crise de la dette des années 2000 ont placé certains pays face à des défis de taille, voire insurmontables. Depuis, les organisations internationales et la Suisse se sont engagées pour réduire la vulnérabilité des pays face à ce type de chocs. Alors que les efforts déployés à ce titre ne sont pas encore achevés, ils sont déjà soumis à l’épreuve du feu.
Les crises économiques aussi coûtent des vies
Trouver un arbitrage entre les risques que posent les conséquences directes d’une pandémie sur la mortalité et les conséquences sociales, économiques et, au bout du compte, sur la santé d’une potentielle stratégie de lutte contre la pandémie est particulièrement critique pour les pays en développement. Sans épargne ni sécurité sociale ou subventions publiques, le bien-être et la survie d’un grand nombre de personnes dépendent de leur travail quotidien. Le ralentissement économique entraîne une baisse des recettes fiscales de l’État, ce qui réduit sa marge de manœuvre pour les prestations publiques et les mesures de soutien. L’histoire a montré que les chocs économiques peuvent aussi induire une hausse de la mortalité et un recul des indicateurs de la prospérité.
La solidarité est un moteur central du soutien aux pays en développement. Mais au-delà de cela, la Suisse a aussi tout intérêt à ce que ces pays ne soient pas terrassés par la crise. La vitesse de propagation fulgurante du virus signifie que les efforts que nous déployons chez nous pour entraver sa progression pourraient être annihilés par une forte dissémination à l’étranger. En outre, si les sociétés des pays en développement sont plus résilientes, les perspectives économiques et sociales s’améliorent, ce qui permet indirectement de lutter contre les causes de la migration forcée ou illégale.
La coopération au développement au service de la lutte contre la pauvreté et de la résilience
La coopération internationale au développement peut contribuer de manière notable au soutien des économies des pays en développement. C’est la raison pour laquelle toutes les organisations de développement internationales sont passées en mode de crise, analysant la situation et définissant des mesures d’urgence. La coordination des travaux entre les différentes organisations est capitale. Là où le besoin est le plus grand, il faut réagir rapidement, de manière efficace et jeter les bases d’une reprise ultérieure.
Les banques multilatérales de développement et les agences des Nations Unies ont arrêté des trains de mesures d’urgence avec la participation de la Suisse. Le Groupe de la Banque mondiale, par exemple, a débloqué des crédits et des aides financières à hauteur de 14 milliards de dollars, disponibles rapidement et simplement, pour les pays en développement. 160 milliards de dollars supplémentaires sont prévus dans les 15 mois à venir pour des mesures de soutien en faveur des personnes dans le besoin et de l’amélioration de la résilience.
Des mesures immédiates de la Banque mondiale coordonnées avec l’OMS sont destinées à soutenir les pays en développement dans la lutte contre le COVID-19. Elles visent à augmenter les capacités de dépistage, à mettre en place des mesures sanitaires de distance entre les personnes et des mesures de communication, et à renforcer les systèmes de santé. La Banque mondiale appuie également des mesures visant à atténuer les conséquences sociales. L’intervention de la Société financière internationale (IFC) a pour objectif de permettre aux banques des pays en développement de continuer à accorder des crédits au secteur privé afin de préserver les emplois.
La coopération internationale de la Suisse est en bonne posture et participe à la prise de décision
La Suisse participe à la prise de ces décision en sa qualité de membre des banques de développement. Elle accorde une importance particulière au fait que les actions soient coordonnées et concertées et que certains standards soient respectés en dépit de l’urgence. En effet, l’efficacité doit être au cœur de toutes les mesures.
La stratégie de coopération internationale actuelle et la stratégie adoptée par le Conseil fédéral en février pour les années 2021 à 2024 ainsi que le message sur les augmentations du capital du Groupe de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement font que la Suisse est en bonne posture pour apporter sa pierre à l’édifice. Son engagement axé sur le long terme lui permet d’œuvrer à atténuer les conséquences négatives de la crise et à améliorer la résilience face aux crises à venir. Elle contribue ainsi à la réalisation des objectifs de développement durable de l’ONU. La coopération bilatérale de la Suisse analyse actuellement là où il est nécessaire d’adapter les projets, les programmes ou les formes de collaboration en cours pour les mener à terme; elle examine également des mesures supplémentaires pour mieux prendre en compte cette situation exceptionnellement exigeante.